10 février 2015
Laurent est une parfaite petite ménagère dès qu’il s’agit de bichonner son bateau et je le retrouve ce matin en train de récurer toute sa vaisselle sur le ponton 5.
Je patiente en dessinant les belles pelotes de cordages patiemment rincées puis enroulées par Hervé qui finissent de sécher sur le pont de Léon.
Puis j’immortalise la cocotte de Pour Aster. Une cocotte, appelée également cocotier, c’est un peu le cauchemar de Jean-François Hamon qui a ainsi ravagé ses spis les uns après les autres. Imaginez le spi, une voile très puissante, si étroitement entortillé autour de l’étai qu’il devient impossible de le libérer sans tout déchirer.
Je parviens enfin à convaincre Laurent de quitter le ponton pour découvrir les environs du Marin. C’est parti à bord de notre petite Twingo de location ! Nous mettons aujourd’hui le cap vers la distillerie Neisson au Carbet, bien décidés à rapporter quelques bouteilles pour remonter le niveau de nos réserves de rhum.
A Rivière-Pilote, les enfants défilent en costumes au son d’une sono tonitruante installée dans le camion-benne de la ville. C’est une explosion de bruit, de paillettes et de couleurs ! Les écoles se suivent à travers les rues du village dans un joyeux désordre en brandissant panneaux décorés et banderoles criardes. Je sors mon carnet pour croquer à toute vitesse sans perdre une miette du spectacle.
Nous arrivons au Carbet après un savoureux déjeuner les pieds dans l’eau, sur la plage. Les accras étaient délicieux, surtout accompagné d’un ti punch bien citronné.
Pendant que Laurent se baigne, je m’installe dans la rue, attirée par cet alignement de petites maisons recouvertes de bois baignées dans la lumière. On aperçoit le bleu franc de l’océan, juste après la route. Pas un bruit, sauf les clameurs lointaines d’un défilé de carnaval.
Une dame s’approche pour me proposer un tabouret. Elle s’appelle Lucia, ravie de reconnaître sur mon dessin sa maison, celle avec le rideau qui flotte au vent. Elle me raconte qu’elle et son mari Max viennent de rentrer en Martinique après toute une vie passée à travailler en métropole. Fait du hasard, ils habitaient juste à côté de mon atelier ! Le monde est tout petit… Là, ils finissent de retaper la maison familiale, celle que j’ai dessinée. Je repars avec un kilo d’oranges amères délicieusement parfumées. « Elles viennent directement du piton. Elles sont amères et douces. »
Un oxymore.
Laurent (finissant de sécher au soleil) : « dis-donc, elles sont extensibles tes 20 minutes ! Ça fait 1 heure que je t’attends ! »
Moi : « Ben, je discutais. Regarde, on a des oranges pour le ptit déj ! »
Laurent : « Bon, filons à la rhumerie avant que ça ferme. »
Çà, c’est sacré…